Après une carrière honnête en boxe amateur dans les années 80, Pedro Diaz a rapidement trouvé sa vocation. Il étudia les sciences pédagogiques avec une spécialité boxe à la Cuban Sports University, et rejoignit l’équipe nationale. Formé auprès des maîtres de la vieille école cubaine : Alcides Sagarra, Enrique Garmari Lopez, Sarbelio Fuentes, Honorato Espinoza et Pablo Torres, Pedro Diaz est un témoin privilégié d’une des plus grandes équipes olympiques du monde.
« J’ai évolué 17 ans dans l’équipe dirigeante cubaine avec Alcides Sagarra. Je m’occupais principalement de la planification des entraînements. »
Il y verra passer les champions olympiques Joel Casamayor, Félix Savón et Héctor Vinent qui restera le boxeur qui l’a le plus impressionné. « Double champion olympique, champion du monde, champion du monde junior. C’était un boxeur d’une qualité incroyable parce qu’il maîtrisait les trois distances avec une excellente technique, vitesse et une grande puissance. J’aurais aimé le voir en professionnel. »
Avec Cuba, Pedro Diaz participera à quatre olympiades: 1992, 1996, 2000 et 2004. Ces équipes ont récolté au total 20 médailles d’or, six d’argent et trois de bronze. En six tournois de championnats du monde, les résultats ont également été exceptionnels : 28 médailles d’or, 12 d’argent et neuf de bronze.
Quand on lui demande d’expliquer la force de la boxe cubaine, Pedro Diaz n’a pas forcément d’explications précises. « De nombreux pays ont de bonnes écoles de boxe. L’école européenne va toujours chercher l’attaque. L’école américaine est plus en mouvement et plus technique. L’école cubaine est un mix entre l’école américaine et l’école européenne. » « En boxe, il y a 12 coups pour tout le monde : 3 coups de base des deux mains, qui se travaillent à la tête ou au corps. Beaucoup oublient de continuer à travailler les bases de la boxe. A Cuba, on révise sans cesse les bases de manière très disciplinée. »
Dès 1999, le technicien a des envies d’ailleurs. « Je voulais travailler dans la boxe professionnelle, mais ce n’était pas possible à Cuba. »
« En 2007, j’ai quitté Cuba pour entrainer Felix Diaz avec l’équipe olympique dominicaine. Il est devenu le premier champion olympique dominicain. » Désireux de se lancer chez les professionnels, Diaz s’est ensuite installé à Montréal. Il fut conseiller technique du GYM d’Yvon Michel de 2008 à 2011, travaillant notamment avec Jean Pascal, David Lemieux et Antonin Décarie. Aujourd’hui basé à Miami, où vit la majorité des immigrés cubains aux Etats-Unis, Pedro Diaz a retrouvé plusieurs boxeurs de son île natale tels qu’Odlanier Solis, Yunieski Gonzales et Guillermo Rigondeaux. Malgré leurs talents, ils n’ont pas réussi à confirmer leur potentiel chez les professionnels. Diaz explique cela par le manque de structuration des athlètes cubains.
« En boxe professionnelle, le plus important est d’avoir une bonne équipe autour de soi : un promoteur, un manager, un entraîneur. Il y a eu des situations compliquées pour certains boxeurs cubains » avoue-t-il à demi-mots. Avec son équipe Mundo Boxing, surnommée la « Family Team » -par opposition à la Money Team de Mayweather- le technicien s’occupe désormais de l’espoir croate en poids lourd Filip Hrgovic, du challenger super-léger Ivan Baranchyk et de Roamer Angulo.