Salle COSEC aux Mureaux, nous avons rendez-vous à 11h. Les boxeuses élites s’entraînent en vue des demi-finales des championnats de France. Amina Zidani, Wassila Lkhadiri et Rima Ayadi font du shadow-boxing sous l’œil attentif d’Abadilla Hallab, entraîneur principal du BAM L’Héritage.
Ali Hallab, le président du club, nous accueille. « On essaie de construire un pôle haut-niveau aux Mureaux, c’est notre objectif. » Avant de se reprendre. « C’est ce qu’on fait déjà au quotidien depuis 2 ans. » Il faut dire que la jeune structure a grandi très vite. Crée en mai 2016, le club a déjà remporté la Coupe Paul Rousseau du meilleur club trois années de suite avec plusieurs titres de champions et vices champions de France.
Suite à un conflit avec l’ancien bureau directeur du Boxing Amicale les Mureaux, les frères Hallab décident de créer leur propre association. Malgré tout, ils n’en gardent aucune rancune. « On s’est appelé BAM L’héritage parce qu’on n’a rien à cacher. On est fier de ce que le BAM avait fait par le passé. On est héritier de tout ça, il y a eu des mecs comme Jean-Paul Mendy qui a fait les JO d’Atlanta. On est les héritiers de nos anciens, des conneries qui se sont passées et on assume tout. C’est ce qui nous a donné l’envie. »
Jean-Paul Mendy, Ali Hallab, Elie Konki et Tony Yoka, cela fait quatre boxeurs ayant participé aux Jeux Olympiques en 20 ans. Extraordinaire pour une ville d’un peu plus de 30 000 habitants. « Depuis 20 ans on vit sous l’ambiance de l’olympisme. On a une réelle force.»
Elie Konki, champion de France professionnel et membre de l’équipe olympique 2016 a fait toute sa carrière au BAM. Il y a plus de 10 ans, c’était Ali Hallab qui lui avait donné cette vocation. « Il m’a fait rêver quand je suis arrivé à la salle de boxe, il était en pleine préparation des JO de Pékin 2008. Quand je le voyais, je me disais c’est le feu, un jour je serai comme ça, admiré des plus jeunes. » Le BAM L’Héritage, c’est avant tout une histoire de famille. Les frères Aziz et Abadilla entraînent, alors qu’Ali, président, gère l’administratif. Brahim, le dernier, s’occupe de la communication. « On est une famille de 5 garçons. On a commencé la boxe en même temps. Mon père était à fond dans le sport, il nous a mis tous les 5 au foot, à la boxe et au karaté. On faisait ça toute la semaine. »
Ce côté familial transparaît dans les valeurs du club. L’ancien boxeur qui a participé deux fois aux Jeux Olympiques explique : « On a une philosophie de partage : partager son amour pour la boxe, avoir confiance en soi. C’est ça notre force, on est dans l’accompagnement. Il y a l’amour de la discipline, de nos adhérents. On sait qu’on demande beaucoup aux gamins, ils prennent des coups. On ne triche pas, on ne se ment pas. »
Très proche de ses coachs, Elie Konki confirme : « On a une vraie relation fraternelle. Au niveau affectif, c’est exactement ce qu’un boxeur devrait avoir dans son coin. Pas uniquement un entraîneur mais des grands frères, des personnes qui te protègent avant tout. Hormis la boxe, on a vécu des choses qui font que je serai toujours attaché à eux. Je les ai suivi, ça a fait de moi ce que je suis.» Malgré cette exigence du haut-niveau et ses très bons résultats, le dirigeant déplore le manque de soutien. « C’est triste, en deux ans, on a été élu meilleur club de France, la France prépare les JO de 2024 et on n’est pas mis dans la boucle. On se débrouille vraiment tout seul. »
Faire beaucoup avec peu de moyens
Le club procède à des entraînements bi-quotidiens avec Abadilla Hallab qui est employé au club en tant que directeur sportif. « On s’est professionnalisé et on en est fier. On est dans le développement, on a quelques partenaires privés, on a des personnes bienveillantes derrière nous qui nous soutiennent. Ensuite, on est vraiment dans le système D. »
En dépit des difficultés, les trois frères ont su rester fidèle à leur slogan : « C’est la boxe qui parle ». Elie Konki a défendu victorieusement son titre de champion de France professionnel en février, trois pensionnaires du BAM L’Héritage ont remporté les championnats de France amateurs 2019 : Amina Zidani, Wassila Lkhadiri et Christ Esabe.
Le BAM L’Héritage conserve ainsi sa place de meilleur club de France. Aziz et Abadilla Hallab sont reconnus meilleurs entraîneurs. Ali Hallab peut être confiant pour l’avenir. « La France est loin d’être prête pour les Jeux Olympiques 2024. Nous on s’y prépare, on a créé notre petite structure mais d’ici 2024, on sera au top. Tony Yoka est sorti d’ici et le prochain sortira d’ici aussi. »
Bravo mes compliments