10 ans après être arrivé en France et avoir débuté les arts martiaux, Francis Ngannou va atteindre son rêve d’affronter le champion du monde des poids lourds de boxe, Tyson Fury. « Le cadre est magique et le défi est énorme… qui deviendra le premier roi suprême des sports de combat ? » s’enthousiasme John Mbumba, ancien poids lourd et entraîneur de l’équipe de France, qui a rejoint l’équipe de Francis Ngannou pour ce choc de titans.
Une victoire de Ngannou constituerait l’un des plus grands exploits de l’histoire du sport.
Comment effectuer la transition du MMA à la boxe ? Comment se prépare-t-on à affronter le champion du monde des poids lourds dans sa discipline ? Le français nous donne quelques pistes tout en gardant le mystère à quelques jours du combat…
Comment la connexion s’est faite avec Francis Ngannou ?
J’ai connu Francis en 2012. À l’époque, je travaillais avec le Crossfight, l’une des premières salles de MMA où j’enseignais la boxe anglaise pour des combattants professionnels de MMA et des boxeurs amateurs.
Francis avait l’ambition de faire de la boxe anglaise. Malheureusement, le contexte de la boxe professionnelle en France n’était pas favorable et il s’est donc engagé en MMA.
On travaillait régulièrement ensemble puisqu’il fréquentait les cours destinés aux combattants pro MMA comme les cours destinés aux boxeurs amateurs.
J’ai par la suite rejoint le staff de l’équipe de France qui préparait les Jeux de Rio, mais nous sommes restés en contact. Il avait fait appel à mes services, notamment après sa première défaite à l’UFC.
Après son départ de l’UFC, Francis a de nouveau fait appel à moi avant de me proposer de l’accompagner pour ce combat face à Tyson Fury. J’étais alors en vacances familiales mais je n’ai pas hésité à tout quitter pour l’accompagner sur ce défi gigantesque. J’ai donc rejoint son équipe dans le camp d’entraînement qui venait de débuter.
Comment sont repartis les rôles au sein de l’équipe ?
Le staff technique est composé de son équipe habituelle : Dewey Cooper, son entraîneur principal et Tripp Hale, le préparateur physique, auxquels se sont greffés Mike Tyson en tant que conseiller et moi-même en coach assistant pour combler quelques manques.
Mon rôle consiste à travailler sur le domaine technique et l’analyse vidéo.
Qu’est-ce que tu penses de ce challenge de Francis Ngannou d’affronter Tyson Fury ?
Le challenge face à Tyson Fury est unique. Cette rencontre oppose deux incroyables combattants qui ont dominé leurs disciplines respectives, comme le prouvent leur titre de champion du monde. Je pense que dans l’avenir, nous allons voir de plus en plus d’événement de ce genre qui répondent aux fantasmes du public.
Le sport en a besoin pour susciter l’intérêt du public et Francis participe à ce renouveau en acceptant de réaliser ce genre de défi qui sort du cadre conventionnel.
Comment aborder la transition du MMA vers la boxe selon toi ? Sur quels points travailles-tu afin de préparer Francis ?
La transition du MMA vers la boxe anglaise n’est pas une chose facile. Bien que le MMA et la boxe anglaise partagent certaines similitudes, il existe également des différences significatives entre les deux sports, notamment l’endurance de combat, les zones de touches autorisées, la surface de combat entre autres.
Avec Francis, pour passer du MMA vers la boxe anglaise, il a fallu reprendre certains principes fondamentaux, plus particulièrement sur l’aspect physique et technique. D’un point de vue physique, Francis a évolué dans le MMA durant plus de dix ans en pratiquant des combats de 3 rounds de 5 minutes pour un combat standard et 5 rounds de 5 minutes pour des combats avec un titre à la clef.
En boxe anglaise, le temps des rounds est plus court mais la durée des matchs est plus longue. Sur ce combat on part pour un 10 rounds de 3 min. La différence est colossale !
Adapter sa condition physique est donc une priorité indéniable, car la différence peut se faire à ce niveau-ci. Surtout que Fury a l’habitude de faire des longs matchs, il sait qu’il est à son avantage dans ce domaine.
Aussi, en pratiquant le MMA, Francis a eu l’habitude d’utiliser des techniques issues de différents sports de combat. Il a pu utiliser ses pieds, faire des prises de lutte/ grappling… Face à Fury, il ne pourra utiliser que ses bras comme arme d’attaque et le haut du corps comme moyen de défense.
Il a fallu également augmenter son débit de coups. Francis n’a pas l’habitude d’utiliser uniquement ses poings lors d’un combat de MMA. De ce fait, l’amélioration de sa capacité d’endurance spécifique a été un point central dans notre préparation. Je pourrais ajouter que nous allons boxer dans un ring aux dimensions et à la forme totalement différente d’une cage mais je n’irai pas plus loin sur le sujet au point de décrire la totalité de notre travail.
Qu’est-ce que cela signifie pour toi de participer à un des plus grands événements sportifs de l’année ?
À titre personnel, je me sens privilégié de pouvoir participer à ce genre d’événement qui marquera à jamais l’histoire du sport et des sports de combat. J’ai la charge d’accompagner Francis dans sa quête de titre suprême.
Ce combat est unique ! Les deux combattants sont des personnes extraordinaires et des combattants incroyables. Le cadre est magique et le défi est énorme… qui deviendra le premier roi suprême des sports de combat ?
C’est une manifestation sportive qui suscite l’intérêt de plusieurs millions de personnes dans ce monde. Il se déroule dans un magnifique pays qui tente de se faire une place dans le monde du sport. Je suis le seul français à pouvoir participer à cette rencontre, c’était inattendu et inimaginable. J’en suis fier.
Sur le plan professionnel c’est quelque chose que je n’avais pas envisagé et sur le plan humain c’est juste une expérience de vie de fou ! Je suis reconnaissant envers toutes les personnes qui mon permis d’atteindre mon niveau de compétences professionnel. Et si je devais en citer une seule, je parlerais de Mariano Gonzales. J’ai aussi une grande gratitude envers mes proches, mes enfants et ma compagne. Le mot de la fin : merci !
C’est quand même faire peu de cas d’un champion comme Usyk possédant toutes les autres ceintures, invaincu tant comme cruiserweight que comme poids lourd dont le gabarit moqué (1m91, 100kgs) n’a rien à envier à celui de Clay, tout en étant plus fit et infiniment plus complet en défense et enchaînement sans compter que c’est un gaucher redoutable. Je me réjouis de le voir à l’oeuvre contre Fury qui a été au-dessous de tout pour faire échouer leur confrontation. La défaite de ce matamore bipolaire n’est en tout cas pas à exclure contre Usyk voire Ngannou s’il fait trop le malin à tendre le menton et tirer la langue