Qu’est-ce que tu deviens depuis la fin de ta carrière ?
Je suis entraîneur de boxe, Fondateur et responsable de la Jab Académie, académie de boxe.
Depuis trois ans, je collabore avec le Dojo du Cercle Tissier qui est plutôt axé sur les arts martiaux. J’ai développé la boxe anglaise au sein de leurs locaux. La boxe est un sport qui se différencie des arts martiaux. On est un sport de conquête, on va chercher la victoire alors qu’eux vont plutôt l’attendre. Ils vont plutôt utiliser leurs armes pour se défendre.
Comment as-tu commencé la boxe ?
C’est l’influence des grands du quartier qui en faisaient. Ils m’ont invité à essayer ce type d’activités. On a grandi avec des personnages comme Jean-Claude Van Damme, Bruce Lee. Les sports de combat, ça nous fascinait tous.
Avec un groupe d’amis, on a essayé. A la fin, je suis le seul qui suis resté. A partir du moment où j’ai goutté cette pomme si délicieuse, je ne l’ai plus enlevée de mon esprit. J’ai cherché à la manger jusqu’à aujourd’hui. Je prends toujours autant de plaisir.
Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer la Jab académie ?
Depuis 2015, j’ai créé la Jab Académie à Vincennes. Je développe du coaching, des séminaires, des masterclasses, des stages et des séjours.
Je cherche à promouvoir au mieux notre sport : la boxe anglaise. C’est un sport qui permet d’éveiller les consciences et les capacités physiques et mentales de chaque individu. Avec mon savoir-faire et ma capacité à pouvoir dialoguer facilement avec les gens, l’idée c’est d’aider les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes chaque jour.
Je m’adresse à tout type de public. Les masterclasses c’est pour tout type de profil, de débutant aux boxeurs confirmés. Ça plaît à pas mal de monde. J’ai des gens qui viennent de partout de Belgique, de Suisse, Toulouse. C’est impressionnant de susciter autant d’intérêt.
Je commence à faire le tour de France avec mon programme axé sur les bases fondamentales de la boxe anglaise : technique principalement, avec la coordination spécifique. En France, les gens ne pratiquent pas beaucoup de sport, et ne sont pas très bien coordonnés. Ça nous limite dans nos actions motrices, notamment de pouvoir passer d’une discipline à une autre.
J’ai à faire à des personnes qui ont beaucoup de mal à mettre en place cette spécificité motrice, d’où l’importance de (ré)éduquer les gens à avoir une bonne coordination, dans l’intérêt d’être plus performant. Ça se voit chez les cubains qui pratiquent énormément de sport et qui sont très bien coordonnés. Ils sont capables d’avoir une technique hors norme par rapport à la masse.
A quel moment t’as souhaité devenir entraîneur ?
Depuis le départ, je savais que je voulais devenir entraîneur. C’était ma vocation d’enseigner, de partager. Je l’ai fait dans la boxe, c’est le domaine dans lequel je suis opérationnel. A la base, je pensais devenir professeur d’EPS. Au fil du temps, mes idées ont évolué. Aujourd’hui, c’est mon activité principale.
Est-ce que tu envisages d’entraîner des boxeurs professionnels ?
C’est pas d’actualité. J’y pense parce qu’il y a de plus en plus de demandes. Aujourd’hui, je suis bien plus attiré par l’événementiel. Je pense que, si on veut développer notre sport en France, ça passe par des événements, récréatifs ou de compétitions dédiées au haut niveau.
Le statut professionnel est encore précaire. C’est un frein. Ma première idée était de me dire comment je fais pour vivre de mon métier en France. C’est compliqué de vivre du sport en France, contrairement aux pays anglo-saxons où c’est bien mieux développé et valorisé. C’était ma problématique. Généralement les gens font professeurs d’EPS ou coach.
Avant toute chose, j’ai voulu pérenniser mon statut financier avec ma structure et derrière me spécialiser. Je pense que l’organisation d’événements, ce serait intéressant. A terme, je préférerais manager et entraîner de loin, un rôle à la Cus D’Amato, pas forcément sur le terrain.
Comment vois-tu l’état de la boxe en France actuellement ?
C’est intéressant qu’il y ait un peu plus d’engouement autour de la boxe anglaise. On le voit avec les résultats des JO de 2016, on a des vitrines comme Yoka ou Souleymane Cissokho, des boxeurs plus expérimentés comme Cédric Vitu ou Goulamirian.
Il y a des chaînes de télévision qui s’intéressent un peu plus. Je pense que les droits TV du football coûtent tellement chers que les chaînes se rabattent sur des sports qui coûtent moins. La boxe est un sport populaire, qui fédère pas mal de monde.
Il y a plus de moyens mais les bourses n’ont pas réellement augmenté. Les boxeurs et les structures indépendantes sont assez isolés. Notre fédération n’a pas assez de poids au niveau national et international pour imposer une dynamique.
Je prends l’exemple de l’Angleterre, pour les avoir côtoyés avant les JO jusqu’à maintenant. Leur évolution est incroyable. Joshua je l’ai vu à 18 ans, je le conseillais. Il ne savait pas boxer à l’époque. Trois ans après il est vice-champion du monde ! A partir du moment où les Jeux Olympiques de Londres ont été programmés, leur salle de boxe a été totalement métamorphosée. Ils ont renforcé leur équipe et tous les mecs qui ont été mis en place sont là pour la performance. Et ça continue jusqu’au monde professionnel.
T’as un mec seul qui remplit Wembley deux fois (Anthony Joshua) ! En France, un tournoi de boxe, on n’est pas capable de le faire ! Même les lutteurs sont capables d’organiser un tournoi à Bercy. Je me pose la question, que fait la fédération ? Et pourtant, en trois olympiades, on qualifie 10 boxeurs, on rapporte des médailles olympiques.
Il faut que les acteurs de la boxe en France, continuent à entreprendre comme on le fait. Il faut se professionnaliser, en collaborant avec des gens extérieurs à la boxe. On a une belle discipline qui aujourd’hui fait moins peur.
A mon sens, la boxe reflète la vie, tu prends une patate, tu tombes, soit tu te relèves soit tu te couches. A toi de choisir, qu’est-ce que tu fais ?
Comments 1