Depuis plus de 15 ans, les championnats du monde féminins se déroulent en 10 rounds de 2 minutes. Cela risque d’évoluer rapidement. L’association des commissions boxe nord-américaine (Association of Boxing Commissions) vient d’accepter la demande d’Amanda Serrano de défendre ses titres WBA, WBO et IBF des poids plumes en 12 rounds de 3 minutes, comme ses homologues masculins.
« Ce combat ne se résume pas à quelques ceintures. Nous avons mené une longue et difficile bataille, unies en tant que femmes, pour obtenir le même salaire, le même respect et la même reconnaissance dans la boxe. Ensemble, le vendredi 27 octobre, nous entrerons dans l’histoire et prouverons une fois de plus au monde à quel point la boxe féminine est incroyable et que nous sommes tout aussi fortes, dynamiques et capables que n’importe quel homme sur le ring, si ce n’est plus. Il s’agit d’un combat pour que les femmes du monde entier soient traitées de la même manière que leurs homologues masculins. » souligne la championne portoricaine.
La WBC elle ne l’entend pas de cette oreille et a refusé de mettre sa ceinture en jeu pour ce combat. Du point de vue de la fédération, cette mesure vise à protéger la santé des boxeuses.
Plus de risque ?
« La WBC a effectué des recherches approfondies et à ce stade, à moins d’une autorisation médicale et scientifique absolue, nous n’autoriserons jamais les femmes à disputer des rounds de trois minutes », a déclaré Mauricio Sulaiman, président de la WBC. « C’est une décision médicale et scientifique. » La WBC s’appuie sur une étude menée en 2014 par l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles) qui démontre que les femmes ont 80% de risques de commotion cérébrale de plus que les hommes. Cependant l’étude portait sur d’autres sports comme le rugby et le football américain. Or, rien ne prouve que ce qui vaut pour les rugbywomen ou les footballeuses américaines vaut également pour les boxeuses.
D’autres études ont été réalisées depuis mais chacune avec des résultats contradictoires.
Des combats plus spectaculaires ?
Avec des combats et rounds plus courts, les combats féminins ont généralement un rythme plus élevé, avec de nombreux échanges. S’adressant à The Sporting News, Katie Taylor affirmait : « Je pense que le round de deux minutes est très rapide et très rythmé. Cela rend le combat excitant. »
Interrogée par Dans le Ring sur la question, Estelle Mossely estime que cette différence n’a pas lieu d’être. « Je ne vois pas l’intérêt d’instaurer des rounds plus courts pour les femmes. Nous sommes capables de tenir 3 minutes, il suffit juste de travailler cette différence à l’entraînement ».
Il est évident qu’avec plus de rounds d’une durée supérieure, les boxeuses prendraient davantage de temps pour développer leur boxe. Donner aux femmes un temps de combat égal à celui des hommes leur permettrait de mettre en place des stratégies plus complexes, rendant ainsi leurs combats plus attractifs, avec peut-être à la clé, le saint-graal : plus de K.O.