Comment se déroule ton camp d’entraînement ?
Tout se passe bien. Le camp s’est un peu rallongé en raison du report de mon combat. J’aurai dû boxer le week-end dernier (ndlr : entretien réalisé le 21 août). A l’approche du combat, on commence à baisser l’intensité pour se concentrer sur la technique. On s’entraîne en fonction de mon adversaire. Une semaine type c’est lundi, mercredi et vendredi : préparation physique le matin, boxe l’après-midi (travail de technique : leçon, pad…) ; le mardi, jeudi et parfois, samedi, sparring.
Ton prochain adversaire, Demond Nicholson, a tenu la distance face à Edgar Berlanga et Demetrius Andrade. Est-ce que tu prends ce combat comme un test pour te mesurer ?
Non, je ne me mets pas de pression supplémentaire. Ça prouve la qualité de mon adversaire. Il faudra sortir une prestation convaincante, ça me donne envie de faire mieux qu’eux. Je sors d’une guerre lors de mon dernier combat et encore une fois on a pris un adversaire solide.
Canelo va boxer Charlo le 30 septembre. Qui vois-tu l’emporter ?
Canelo va l’emporter. Je vois mal comment Charlo qui vient de deux catégories en-dessous peut le mettre en difficulté. Peut-être les 3, 4 premiers rounds avec sa vitesse, sa technique. Mais Canelo finira par gagner.
Canelo et Benavidez sont clairement les leaders des super-moyens. Comment analyses-tu ta catégorie ?
C’est une catégorie riche avec énormément de grands noms. Mais honnêtement je ne suis pas là à regarder les autres, les classements. Je me concentre sur moi-même.
Tu t’entraînes aux côtés d’Artur Beterbiev. Qu’est-ce qui t’a marqué chez lui ?
Son éthique de travail. Il s’entraîne énormément, c’est un gros bosseur. Après nos séances de préparation physique, il continue avec son travail perso. Il s’entraîne tout le temps même pendant les vacances. Et humainement, il est humble, ouvert d’esprit. Ce n’est pas quelqu’un qui va prendre les gens de haut.
Tu évoques parfois ta frustration quant aux difficultés de trouver des adversaires classés. Est-ce que tu es parfois découragé par le manque d’opportunité ?
(Il sourit) Je suis obligé de continuer quand je vois tout le travail effectué par mon équipe autour de moi. J’ai confiance en mon équipe de promotion, en mon entraîneur. Je ne peux pas mettre de côté toutes ces années d’entraînement… Ça va arriver, que ça prenne 1, 2, 3, 4 ans peu importe -même si je ne compte pas rester dans la boxe jusqu’à 40 ans (rires). J’ai mon objectif en tête, je connais mes capacités. Si je pouvais, je les taperai tous. Mais c’est comme ça. Il faut continuer pour forcer les fédérations à m’imposer comme challenger.
On voit aussi que l’image joue une grande importance.
Oui, il faut de la notoriété ça joue. Et le ring bien sûr. Mais c’est sûr que c’est plus facile d’avoir des opportunités pour un championnat du monde quand tu es connu, que tu remplis les salles et que tu peux vendre des pay-per-view. Donc l’image joue beaucoup. On vit une période bizarre pour la boxe. On le voit avec les combats d’influenceurs comme Jake Paul. Il y a aussi le côté politique les promoteurs, les fédérations, que les chaînes TV s’accordent entre elles… Le business est compliqué.
Le hasard fait que Hassan N’Dam et Kévin Lele Sadjo, franco-camerounais comme toi, évoluent dans ta catégorie. Quelles sont tes relations avec eux ?
Je ne connais pas très bien Hassan. On n’a juste discuté une fois d’un éventuel combat. Il m’a clairement dit que si les offres n’étaient pas intéressantes il ne le ferait pas. Kévin je le connais mieux, on a évolué en équipe de France ensemble. On s’entend bien. C’est vrai qu’on aimerait se rencontrer. Mais est-ce que les conditions seraient réunis pour ce combat en France? On a essayé de faire un gros combat contre une tête d’affiche française avec Nadjib Mohammedi, ça a fait plus de bruit aux Etats-Unis qu’en France ! Donc est-ce que les chaînes TV seraient intéressés par ce combat ? Je ne sais pas.
Tu as commencé la boxe à 15 ans. Qu’est-ce qui t’a poussé vers ce sport ?
Dans mon quartier à Montargis, il y avait souvent des embrouilles. Je me bagarrais et après les petits frères appelaient leurs grands frères. Moi je n’avais pas de grand frère donc j’ai dû apprendre à me défendre. C’est Amadou, un surveillant de mon collège qui m’a vu après une bagarre. Il m’a conseillé de faire de la boxe. On a fait deux, trois séances ensemble et depuis je n’ai plus lâcher jusqu’à arriver où j’en suis aujourd’hui.
Et qu’est-ce qui t’a fait persévéré ?
C’est bizarre à dire mais j’ai directement senti que j’avais trouvé mon sport. En 4, 5 mois de salle, j’effectue mon premier combat. Puis, je fais le critérium national et je finis 3ème au championnat de France cadet. De là, j’intègre l’équipe de France et tout s’enchaîne.