Dans le film classique Scarface, Tony Montana est un des réfugiés cubains qui demandent l’asile politique pour quitter Cuba et rejoindre les Etats-Unis. De la même manière, de nombreux boxeurs cubains avec des mains faites pour l’or fuient le régime de Castro pour aller au bout de leurs ambitions.
L’école cubaine de boxe fait partie de l’élite mondiale, elle truste les podiums que ce soit aux Jeux Olympiques ou aux championnats du monde amateur. 6 médailles aux JO de Rio en 2016, 8 à Pékin 2008, 11 à Sydney en 2000, 5 médailles à Atlanta en 1996, 8 en 1992 à Barcelone, 10 à Montréal 1976…
Actuellement, Boxrec recense seulement 43 boxeurs cubains professionnels.
Dans son article Cuba : « Le sport, un droit pour tous », Françoise Escarpit explique : « C’est en 1962 que Fidel Castro signe le décret 83A interdisant le professionnalisme sportif car, déclare-t-il : « Le sport professionnel en enrichit quelques-uns aux dépens de beaucoup. » Les boxeurs professionnels qui souhaitent continuer leurs carrières doivent alors quitter l’île. Ils débarquent par dizaines en Floride où sont concentrés 68% des cubains vivant aux Etats-Unis.
« Des traîtres à la nation »
Dans le baseball ou la boxe, à chaque compétition internationale, des athlètes cubains tentent de fuir le pays avec l’aide de promoteurs étrangers. Ces départs donnent une mauvaise image du pays, et le gouvernement a depuis durci les règles.
En décembre 2006, l’équipe nationale cubaine de boxe part s’entraîner au Venezuela pour les Jeux Panaméricains. Odlanier Solis, Yan Barthelemí et Yuriorkis Gamboa, tous champions olympiques en 2004, profitèrent de l’occasion pour s’enfuir de Cuba. Interviewé, Gamboa témoignera plus tard : « On avait remporté l’or pour notre pays mais je n’avais pas de quoi acheter un cadeau pour l’anniversaire de ma fille. Je me suis dit : pourquoi rester dans un pays où la classe politique ne se soucie pas de moi, même si je la représente de la meilleure des manières. »
Même son de cloche pour Odlanier Solis, trois fois champion du monde amateur. « On rentre à Cuba à la fin de l’année devant nos familles les mains vides. C’était la goutte de trop, j’ai choisi la liberté. »
L’année suivante, Erislandy Lara et le double médaillé d’or olympique Guillermo Rigondeaux tentent de s’enfuir pendant les Jeux Panaméricains au Brésil. Ils échouent et sont renvoyés à Cuba. Ils sont bannis de toute compétition et n’ont plus le droit de s’entraîner. Fidel Castro les traite publiquement de « Traîtres à la nation ».
Lors de leur deuxième tentative, ils parviennent à rejoindre le Mexique clandestinement par speedboat. Rigondeaux laissera derrière lui une femme et deux enfants. Il ne pourra plus retourner dans son pays.
Le journaliste Brin-Jonathan Butler dit de lui qu’il a le visage le plus triste qu’il ait jamais vu. « Sa famille est désormais otage de ses actions. Sa mère est décédée et il n’a pas pu être à ses côtés avant sa mort, ni à ses funérailles. »
Malgré leurs talents chez les amateurs, peu de boxeurs cubains ont su réaliser une carrière à la hauteur de leurs réputations dans les rangs professionnels.
Un choc des cultures
Venant d’un pays communiste où tout était régulé par le gouvernement, ils découvrent l’argent, leurs rêves américains. Certains prennent du poids, d’autres s’endettent en achetant des bijoux, des voitures ou dans les jeux. « Ils n’avaient rien à Cuba et ont du mal à s’adapter au choc des cultures » dit le journaliste spécialisé Melchor Rodriguez.
Un choc des cultures, mais aussi sportif. Les boxeurs cubains ont généralement une grande expérience de la boxe olympique. Arrivés en professionnel, la transition est souvent compliquée. Encore habitués au style amateur, certains se contentent de marquer des points et ne prennent que peu de risques. Cela peut leur valoir des déceptions au niveau des résultats. Erislandy Lara et Richar Abril ont connu plusieurs défaites très serrées dues à leurs styles trop défensifs.
Leur boxe, toute en mouvement et en contre, est régulièrement décriée, jugée trop ennuyeuse auprès du grand public qui préfèrent les bonnes vieilles guerres.
Ainsi, Guillermo Rigondeaux, un des meilleurs boxeurs de tous les temps fut hué lors de plusieurs de ses victoires sur le sol américain. Largement dominateur, le poids super-coq ne prend que peu de risques et ne met pas beaucoup de coups. Un journaliste écrira : « voir un combat de Rigondeaux, c’est comme regarder une course entre une Ferrari et une Volkswagen. Et la Ferrari se contente de gagner d’une petite longueur. »
Il fut alors boycotté par son propre promoteur, Bob Arum qui l’a blâmé publiquement. Rigondeaux n’a boxé que deux fois en 2013 et 2014 et une seule fois en 2015 et 2016, alors qu’il a débuté sa carrière à seulement 29 ans.
Guillermo Rigondeaux, Richar Abril, Erislandy Lara, Rances Barthelemy, Yuriorkis Gamboa … tous sont devenus champions du monde professionnel mais aucun n’est devenu la star que la boxe cubaine mériterait.
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