14 combats, 14 victoires avant la limite. Connu sous les surnoms de « Phenomen » ou « Punisher », il abat une pluie de coups jusqu’à ce que ses adversaires craquent. « Je n’ai pas beaucoup de but, mais lorsque j’ai quelque chose en tête, je le fais à fond. C’est une partie de mes qualités, je mets du cœur et je m’applique vraiment. » Kévin Lele Sadjo sait qu’il ne doit rien au hasard. Lui qui a débuté la boxe à l’âge de 24 ans est un acharné. « Je fais les choses avec le cœur, j’ai persévéré. Je ne suis pas quelqu’un doué de talent, c’est juste à force de travailler. »
Après avoir joué plusieurs années au football à haut niveau, le Val-de-Marnais s’est tourné vers le noble art. Solide défenseur à l’US Créteil, il arrête le football à cause d’une blessure à la cheville. D’un naturel athlétique, on lui conseille de se tourner vers la boxe. « Comme j’avais beaucoup d’énergie, un ami m’a dit de l’accompagner à la salle. J’y suis parti avec lui et j’ai accroché directement. C’est la discipline, le respect, les valeurs de la boxe qui m’ont plu. » Dès sa troisième année de pratique, il atteint les demi-finales des championnats de France amateur mi-lourds. Opposé à l’expérimenté Mamadou Bakary Diabira, son partenaire de club au VGA St-Maur, il échoue de peu. L’année d’après les deux amis se retrouvent en finale, Lele Sadjo ne laissera pas passer sa chance et s’impose dans une revanche une nouvelle fois serrée.
Il est alors approché par le promoteur Malamine Koné, qui raconte au site info-levallois. « Au sortir de ce titre, je vais le voir et lui demande quels sont ses projets. Il m’a alors répondu qu’il avait atteint son objectif ! Je lui ai rétorqué que non ! Qu’il devait viser le titre mondial ! Après m’avoir dit que j’étais fou (rires), nous avons parlé d’avenir, de son potentiel, qui est impressionnant ! Kevin est talentueux, dur au mal, j’étais déjà convaincu qu’avec une meilleure organisation et de vrais projets, il pouvait voir beaucoup plus loin et plus grand.»

A peine un an plus tard, le poids super-moyens remporte le championnat de France professionnel durant lequel il laisse éclater sa joie. « Pour moi, c’était déjà une surprise d’effectuer un championnat de France pour mon quatrième combat face à Shamil Ismaïlov qui est vachement craint dans le circuit. J’avais énormément de pression, je n’étais encore qu’un inconnu. Après la victoire, je me suis senti soulagé et mes émotions ont pris le dessus. »
Dans la boxe comme dans la vie, Kévin Lele Sadjo s’est toujours donné les moyens de ses ambitions. Celui que l’on surnomme affectueusement « Tonton » a le sens des responsabilités sur ses (larges) épaules. Gérant de deux restaurants dont le Wok Eat, un fast-food thaïlandais à Créteil, il dirige quatre employés. « J’étais livreur de repas scolaires à la ville de Créteil pendant quatre ans. J’ai décidé de monter mon restaurant. Je n’étais pas du métier, j’avais quelques idées et je me suis lancé. J’ai repris un modèle qui m’a plu, je l’ai reproduit dans ma ville. Il a bien marché, j’en ai monté un deuxième » explique-t-il simplement. « Avec la charge d’entraînement et les préparations, j’ai la chance d’avoir un associé qui m’aide énormément. Je m’entraîne une fois par jour, tous les jours -pas de jour de repos. »
Quand on lui demande qui sont ses modèles, il sourit et répond : « Si vous regardez bien mes combats, vous devriez savoir. » Les mains hautes, il casse la distance, avec des combinaisons corps-face … On reconnaît bien le style de Mike Tyson lorsque l’on voit Lele Sadjo sur le ring. « C’est le seul boxeur envers lequel je suis admiratif. J’essaye de prendre tout ce qui est bien en lui et même ce qui est mauvais (rires). » Homme de peu de mots, il devient plus loquace lorsque l’on évoque Iron Mike. « C’est le meilleur. J’essaye de reproduire tout ce qu’il fait. Je n’arrive pas encore mais avec le temps je vais y arriver. On peut le copier mais on ne va jamais l’égaler. »
Avec un combat tous les deux mois, Kévin Lele Sadjo a marqué l’année 2019 de son empreinte. L’explosif espoir a gravi les échelons en très peu de temps jusqu’à être classé dans le Top 10 mondial des super-moyens de la WBA. « Ça ne fait que deux ans que je boxe en professionnel. Il faut que je puisse faire au moins 5 combats internationaux face à des anciens champions, des boxeurs bien classés pour aller titiller les champions plus tard. » Lucide, il sait que « le chemin est encore long » mais à force de travail, on peut déplacer des montagnes. Le « Punisher » l’a déjà prouvé. « Mon objectif, c’est de remporter le titre de champion du monde WBA de la catégorie. Je sais que devant il y a du très lourd avec Canelo Alvarez et Callum Smith notamment. On va prendre le temps d’acquérir de l’expérience pour pouvoir essayer de rivaliser avec eux. »