Tu es issu d’une famille de boxeurs. Comment ça a commencé chez vous ?
Mon oncle était dans un club de boxe à Agde et on allait le voir à l’entraînement. Quand mes parents m’ont demandé quel sport je voulais pratiquer, j’ai suivi les pas de mon oncle. J’ai débuté à l’âge de 7 ans, en boxe éducative avec Monsieur Asaro, puis j’ai fait une trentaine de combats amateurs. J’ai arrêté pendant trois ans pour passer mes diplômes de menuiserie. J’ai repris la boxe amateur avant de partir sur Béziers chez Monsieur Mario Ruiz, où j’ai ajouté une dizaine de combats à mon palmarès. A partir de là, je suis passé professionnel. Sur mon dernier combat face à Karim Guerfi, j’ai eu une fracture de l’orbite et un décollement de la rétine. J’ai alors mis un terme à ma carrière. Je n’ai pas voulu prendre de risque avec ma santé.
A quel moment, tu décides de devenir manager ?
De retour à Agde, j’ai filé quelques coups de main à l’entraîneur Jean-Louis Arcos. L’envie est revenue, et je suis retombé dans l’engrenage de la boxe (sourire). Au fur et à mesure, j’ai monté des rencontres amateures. Nos compétiteurs boxaient quasiment tous les week-ends. Je me suis rendu compte que c’est ce que j’aimais le plus dans la boxe. Certains sont passés professionnels et donc j’ai voulu tenter ma chance dans le monde professionnel. Aujourd’hui, je me suis fait un réseau au niveau national. C’est allé très rapidement. De nombreux clubs français me font confiance, ils m’appellent pour monter leurs plateaux, pour leur trouver des combats.
En 2017, Laurent Puons, président de la Fédération Monégasque de Boxe, a fait appel à mes services pour trois combats professionnels. Il était satisfait et a aimé ma manière de travailler. Ensemble, nous avons décidé de monter une team. Nous ne sommes pas promoteur, ce n’est pas notre métier. Nous avons fait ça par plaisir. Nous avons pris des boxeurs néo-professionnels. Aujourd’hui, certains sont doubles, voire, triples champions de France.
Peux-tu expliquer ton métier ?
Lorsqu’un club souhaite organiser une soirée pour faire boxer ses professionnels, il me donne une date. A partir de là, je m’occupe de trouver des adversaires, des démarches administratives, des contrats, des billets d’avions, des taxes…
Certains boxeurs veulent également que je gère leurs carrières. J’aime avoir une confiance mutuelle avec les boxeurs pour construire le meilleur plan de carrière possible. Avec la Team Monaco, nous avons un groupe d’une dizaine de boxeurs d’avenir comme Chris Esabé et Khalil El Hadri notamment.
Est-ce que tu peux nous expliquer le métier de matchmaker ?
Mon objectif est de proposer des combats qui vont plaire au public et qui vont faire avancer les boxeurs, des combats qui seront utiles pour la suite de leurs carrières.
Justement, beaucoup de fans sont critiques vis-à-vis des oppositions proposées en début de carrière. Est-ce que tu es d’accord pour dire qu’une carrière ça se construit ?
Attention, il y a construire et construire. Certains entraîneurs veulent produire des stars en affrontant les oppositions les plus faibles possibles. Ce n’est pas construire une carrière, ce n’est pas rendre service aux boxeurs. Construire une carrière, c’est faire attention dans les 4, 5 premiers combats. Le boxeur apprend alors la boxe et le monde professionnel, il doit prendre ses repères. On ne peut pas le mettre d’entrée contre le meilleur.
Puis, quand il a un certain niveau, il faut le tester. Si votre boxeur n’affronte que des boxeurs qui ont 0 point, il aura beau faire 100 combats, il ne sera jamais classé pour faire un titre. Le jour où il affrontera une vraie adversité, il sera dépassé. Je me méfie plus d’un boxeur qui a un palmarès avec des défaites, avec de vraies oppositions, que d’un boxeur invaincu.
Justement, depuis 2018, je suis responsable des validations des combats professionnels pour la Fédération. Je dois vérifier que les critères sont respectés selon le règlement, sur tous les combats qui se déroulent sur le territoire français. Le président m’a fait confiance, c’est un honneur.
Selon toi, faut-il avoir été un bon boxeur pour devenir un bon entraîneur ?
Non, pas forcément. Certains des plus grands entraîneurs n’ont jamais fait carrière mais ont su mener leurs boxeurs vers des titres comme Ray Arcel. A l’inverse, beaucoup de champions n’ont pas réussi en tant qu’entraîneurs. Le rôle de l’entraîneur est d’enseigner, il doit savoir faire preuve de pédagogie et transmettre son savoir. Peu importe ses propres qualités sportives, un bon entraîneur doit avant tout connaître la boxe, et avoir des compétences humaines, d’analyse et de stratégie.
Le mot de la fin ?
Depuis le mois de décembre, j’ai monté ma société de matchmaking. J’ai fait ça pendant des années bénévolement. C’est énormément de temps et de sacrifices, j’ai des enfants. Mais je n’attends pas après la boxe pour vivre, je suis employé de mairie.
Je remercie aussi Arnaud Romera, l’ancien président de la Ligue nationale de boxe professionnelle. C’est quelqu’un qui connaît et qui aime ce qu’il fait. C’est lui qui a amené cette dynamique à la boxe professionnelle.