Comment ce boxeur, multiple champion du monde et toujours invaincu à 37 ans, est devenu l’athlète le mieux payé au monde en 2012, tout cela sans aucun sponsor.
Issu d’une famille de boxeurs, son père et deux de ses oncles furent des professionnels aguerris, Floyd Mayweather Jr est un vrai prodige à qui on a enfilé les gants tout petit. Boxeur très intelligent, il est réputé pour sa défense quasi-impénétrable et la précision de ses coups. Perfectionniste, c’est un véritable stakhanoviste à l’entraînement.
Après avoir remporté la médaille de bronze aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, il passe logiquement professionnel chez Top Rank, sous la coupe de Bob Arum, promoteur évoluant dans le business de la boxe depuis les années 70. Floyd Mayweather Jr devient rapidement champion du monde et conquièrent les catégories supérieures tout en restant invaincu. Il rachète son contrat en 2006, se rendant compte qu’il pouvait faire beaucoup plus d’argent en étant son propre promoteur.
De « Pretty boy » à « Money » Mayweather
En 2007, durant la promotion de son combat face au légendaire boxeur latino-américain, Oscar De La Hoya, HBO mit en place la série des 24/7, sorte de télé-réalité où l’on peut voir les deux adversaires dans leurs préparations plusieurs semaines durant leurs camps d’entraînement et dans leurs vies privées. Floyd y apparaît comme quelqu’un d’arrogant qui joue avec la caméra, met en avant son goût pour le bling-bling et jure qu’il ne perdra jamais. Celui qui se fesait appelé « Pretty boy » (« beau gosse », référence au fait qu’il ne prenne que peu de coups et n’a donc pas de traces sur son visage contrairement à beaucoup d’autres boxeurs) prit le surnom de « Money ». De la même manière que les rappeurs américains, il se balade avec des liasses de billets, se montre dans son jet privé ou sa villa de 2000m2 à Las Vegas.
Il devient alors l’homme que l’Amérique aime détester. « Love me or hate me you’re gonna watch me » : que tu m’aimes ou que tu me détestes, tu me regarderas. En d’autres termes, tu paieras pour voir mon combat. Il avouera bien des années plus tard, dans un interview, lorsque sa réputation fut bien installée que tout ça n’était qu’une stratégie pour faire parler de lui et se promouvoir auprès de la communauté Hip-Hop notamment. Stratégie qui fonctionna, puisque ce combat battu le record du monde de pay-per-view¹. Tout le monde voulait voir Mayweather l’invaincu, perdre. Il remporta le combat et devint la star mondiale de la boxe.
Un homme d’affaires avisé
Il s’attache les services d’Al Haymon, business-man influent qui a la réputation d’avoir un fort pouvoir de négociation face aux chaines de télévision américaines. Par l’intermédiaire de sa compagnie Mayweather Promotions, le numéro 1 mondial avances les frais de ses propres combats et touche donc un pourcentage direct des recettes : merchandising, billets d’entrées, alcool, …
En 2013, il signe un contrat record de plus de 200 millions de dollars pour 6 combats en 30 mois avec la chaîne Showtime.
« Ce n’est pas un combat, c’est ce qu’on appelle un événement ». A chacun de ses combats, Floyd sait faire le show : 50 cent ou Lil Wayne chante à ses côtés, et on a pu voir dernièrement Justin Bieber porter ses ceintures de champion du monde lors de ses entrées. La ville de Las Vegas chouchoute la star qui rapporte des millions à chacun de ses combats aux casinos et aux hôtels. Mayweather joue également sur le marketing ethnique, il profite de la forte communauté mexicaine des Etats-Unis. En effet, le Mexique est un pays où la boxe est, avec le football, le sport roi.
Ainsi, avant même de savoir qui sera son adversaire, Floyd réserve le MGM Grand de Las Vegas le week-end du 5 mai, date de la Cinco de mayo (victoire mexicaine à Puebla sur les troupes d’invasion françaises) et le week-end du 15 septembre, jour de l’indépendance mexicaine…
C’est un visionnaire, et tous ceux qui ont travaillé avec lui sont marqués par son intelligence et son ambition sur et surtout en-dehors du ring. Quand on lui demande qui sont ses héros, il cite entre autres : Bill Gates, Steve Wynn, et Warren Buffet, tous des entrepreneurs accomplis. Quand on lui demande pourquoi il n’a aucun sponsor, il répond « au lieu de m’offrir un contrat de 5 ans pour 100 millions de dollars, donnez moi plutôt 1% ou 2% de capital ».