Après une défaite très serrée face à Laid Daoudi, comment tu te sens avant ce combat en Belgique ?
Dans un premier temps, comme je suis très généreux sur le ring, j’ai besoin de me reposer psychologiquement pendant quelques jours, de sortir de la boxe.
C’était un combat où on me donne perdant, on m’aurait donné gagnant ça aurait été pareil. C’est des défaites que j’avale rapidement, je passe vite à autre chose. Le combat contre Slimani était signé avant ce combat. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, il faut vite rebondir.
Tu peux nous raconter comment tu es arrivé à la boxe ?
Mon père était ancien champion régional en Champagne-Ardenne. Comme il n’était pas de nationalité française, il ne pouvait pas faire les championnats de France. Mon père était un super boxeur mais il n’était pas très sérieux. Du coup, il a abandonné vers l’âge de 23 ans. Dans un premier temps, j’ai débuté la boxe pour attirer l’attention de mon père, ce n’était pas par passion. J’ai commencé de 7 à 10 ans, j’ai arrêté et j’ai repris à 25 ans.
Tu as eu une bonne carrière en amateur, à l’époque quand tu passes en pro, quels étaient tes objectifs ?
Mon objectif, c’était d’être champion de France. C’était limite un rêve, ce n’était pas accessible. Et je l’ai fait plusieurs fois. Après, les objectifs viennent avec le temps. D’abord tu gagnes les critériums, ensuite le tournoi, la coupe de la ligue… Je ne me suis jamais trop pris la tête à vouloir rêver trop loin.
Dans quel état d’esprit tu pars quand tu boxes à l’étranger où tu sais que tu vas devoir faire …
(Il coupe) Tu vas te faire voler, c’est tout ! (rires) Soit je boxe avec le risque de prendre une décision litigieuse, soit je reste chez moi et je suis champion de ma salle de boxe. Et il n’y a rien à gagner. Je préfère prendre le risque d’être déçu et de me préparer mentalement en cas de décision douteuse; plutôt que de rester là à m’entraîner pour rien.
Tu es un des boxeurs les plus actifs, tu prends beaucoup de risques, t’as conscience d’être un ovni dans le milieu de la boxe actuelle ?
Ah oui, je cherche à me différencier des autres avec mes armes. Je ne pourrai jamais écrire l’histoire d’un boxeur invaincu ou d’un champion du monde. Mais je peux écrire une histoire à ma manière, pétri de courage, d’espoir et de valeurs en acceptant les défis à droite, à gauche et en partageant des moments de paix et d’amour. C’est ça le but, d’écrire mon histoire.
On dit souvent : « on n’a pas le talent, on n’a pas les promoteurs donc on ne peut pas. » On ne peut pas faire certaines choses mais on peut faire à sa façon. Ce sera différent, mais ça n’en sera pas moins valorisant et moins fort que les autres. Je m’entraîne comme un mec qui va faire un championnat du monde.
« J’ai toujours eu une énorme solidarité des gens, que ce soit en France, en Angleterre ou partout où j’ai été. »
Tu sembles très ouvert, tu interagis beaucoup avec les gens sur les réseaux…
Avant d’être un boxeur, je suis un passionné de ce sport. Quand je rencontre des grands boxeurs dont je suis admiratif, j’ai de l’émotion : Billy Joe Saunders, Tyson Fury. Pour eux, c’était rien, pour moi, c’était énorme d’échanger quelques mots. Donc, quand je discute avec certains, je me dis peut-être qu’ils sont dans la même situation que moi vis-à-vis de Tyson Fury. Le fait d’être disponible, de discuter, tu partages des moments de bonheur. C’est ça qui me nourrit à travers les réseaux. Vivre quelque chose seul, il n’y a aucun intérêt. Quand t’avances avec du monde, c’est beaucoup plus fort.
Quel est le plus beau souvenir de ta carrière ?
Je ne me suis jamais posé la question. J’en ai tellement. Je pense que c’est la première fois où j’ai fait rentrer mon fils sur le ring, je l’ai porté avec moi. Je crois que c’était à Agde. Sinon, ma victoire contre Daouda Sow aussi, il était invaincu, médaillé olympique. Il y a tellement de bons moments, c’est difficile de dire lequel. Rien que de voir le sourire des gens qui me regardent me « tuer » sur un ring.
Comment tu gères ta vie, ton travail et ta carrière?
Je travaille chez Artech Formation, je commence à 8h. Je me lève à 6h pour aller faire mon footing. Si je n’ai pas pu le matin, je vais courir à la pause entre midi et deux. A 16h30 je finis le travail, je vais à la salle. Et le soir, je vais me faire un footing. Je m’entraîne 2 à 4 fois par jour. C’est important.
Qu’est-ce que tu fais en-dehors de la boxe ?
Je lis beaucoup d’articles, je regarde énormément de documentaires. Je m’intéresse aux sciences de manière très large. Je peux m’intéresser à l’astronomie, à des peuples qui ont disparu, des inventions, l’espace, le quantique…
T’approches des 50 combats, qu’est-ce qu’il te reste à accomplir aujourd’hui ?
J’aimerai bien faire 2, 3 exploits encore, faire des grosses performances. Face à Slimani par exemple. Les titres je m’en fous. Je veux gagner des combats là où on ne m’attend pas pour continuer à écrire une histoire à ma façon.
Respect
Bravo Renald, pour ton parcours exceptionnel et ta rage de vivre.
Au plaisir de te rencontrer peut être un jour.
Bonne chance dans la vie.