Tout d’abord, peux-tu nous raconter comment se déroule ta préparation au Sénégal ?
Nous avons choisi de venir au Sénégal pour travailler au sein de l’académie de Souleymane Mbaye. Souleymane est un exemple, c’est un grand boxeur qui a évolué au plus haut niveau. J’apprends beaucoup à ses côtés. On travaille l’attitude, les moyens de défense. Ce camp d’entraînement nous permet de découvrir une autre culture de la boxe et une autre culture tout simplement. Le but est de s’éloigner de notre zone de confort, que je puisse me concentrer uniquement sur la boxe. En général, le matin, c’est sparring et le soir du physique ou du footing de récupération. On s’entraîne sous la chaleur, c’est volontaire, c’est beaucoup plus dur pour le corps. C’est un voyage très enrichissant.
D’où viens ton surnom Natsuko ?
Natsuko vient du film Kickboxer avec Jean-Claude Van Damme, ça veut dire « le guerrier blanc ». Ce n’est pas moi qui l’ai choisi (rires). On m’a appelé comme ça en amateur et puis ça m’a suivi.
Justement si tu peux expliquer comment tu as débuté dans la boxe ?
J’ai toujours fait beaucoup de sport, notamment des sports de combat : de la lutte, du judo, du sambo mais aussi du foot et du basket. J’ai commencé la boxe par hasard au club de Rosny où des amis de mon père s’entraînaient. J’ai gagné beaucoup de combats et ça m’a motivé à continuer. J’ai ensuite poursuivi à Neuilly-sur-Marne et Drancy.
Tu as pratiqué dans plusieurs clubs du 93. Un département qui abrite de nombreux champions que ce soit dans la boxe, le football ou d’autres sports. Quelles sont les raisons de ces réussites selon toi ?
Beaucoup de jeunes choisissent le sport pour réussir. C’est une voie qui permet de sortir de conditions parfois difficiles. D’avoir de nombreux talents dans le 93 amènent une certaine émulation, de la compétition, ce qui hausse le niveau et crée un cercle vertueux.
Qu’est-ce qui distingue la boxe des autres sports de combat selon toi ?
Pour moi, il y a une adrénaline spéciale dans la boxe. C’est un sport dangereux où tu dois te faire respecter au dépens de l’autre, contrairement au judo ou à la lutte. C’est soit toi, c’est le mec en face. Certains boxeurs ont eu des séquelles irréversibles suite à un combat. Les boxeurs sont en quelque sorte des gladiateurs des temps modernes.
A 21 ans, tu affiches une certaine maturité sur le ring et en dehors. D’où cette sérénité vient-elle ?
J’ai un entourage stable et une relation saine avec mon père et mon entraîneur. Aussi, je me suis marié jeune, à 18 ans, ça m’a permis de savoir ce que je veux et de pouvoir me concentrer sur mes objectifs.
Tu as passé plusieurs années en équipe de France. Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
L’équipe de France permet d’avoir un certain cadre avec un cursus adapté, des entraînements biquotidiens et de bénéficier de toutes les infrastructures nécessaires à la réussite d’un athlète : suivi médical, récupération… Tu peux te concentrer sur la boxe et les études. Je pense qu’un boxeur passé par l’équipe de France possède un bagage technique supérieur, et des outils pour mieux gérer son hygiène de vie par exemple. J’ai évolué en équipe de France des cadets aux seniors.
On sait qu’être boxeur professionnel en France peut être compliqué. Qu’est-ce qui t’a poussé à passer chez les rémunérés malgré tout ?
La boxe se professionnalise. Il n’y a plus de casque en amateur, au niveau international on a des bandages pros et des petits gants. Les boxeurs professionnels peuvent faire les Jeux Olympiques… Amateur ou pro, c’est du pareil au même donc autant être rémunéré. Et puis j’ai eu de bonnes opportunités de combats. C’est dur mais en bossant on s’en sort bien.
Quels sont les axes sur lesquels tu devrais progresser pour passer un cap ?
Travailler sur les moyens défensifs, les mouvements du buste, les sorties et le calme dans le ring. C’est ce sur quoi nous travaillons aujourd’hui.